Les trois gunas
En yoga, on nomme les trois qualités fondamentales de la nature (prakritti, univers) les gunas.
En sanskrit, le mot « guna » veut dire corde. Ce qui veut dire que ces trois éléments sont inter reliés et ils sont aussi liés entre nous et l’univers.
Comme dans tous les concepts du yoga, le but est de trouver l’équilibre sattva, (harmonie, clarté, légèreté) entre tamas (lourdeur, inertie) et rajas (action, énergie, mouvement).
En cette période disons qui est d’un grand déséquilibre, c’est assez facile de vagabonder entre les deux polarités, rajas et tamas…
Rajas est associé à tout ce qui est en lien avec l’énergie, l’action, le mouvement, le changement, en déséquilibre il crée l’agitation, la confusion.
Tamas est ce qui permet à la fois de lâcher prise et d’être détaché, mais en excès peut nous rendre lourd ou dépressif.
Je ne sais pas pour vous, mais il m’arrive parfois dans la même journée ces temps-ci de passer d’un extrême à l’autre. Je peux passer de l’action rajas en me levant le matin en forme, pleine d’énergie… puis pouf! Tout à coup, je me sens tamasique, lourde, découragée….
En yoga on affirme que la souffrance provient du mental.
La souffrance vient de la perception du mental face à une situation. Ce n’est pas la situation en soi qui nous fait souffrir, mais plutôt notre réaction ou notre perception face à la situation.
En méditant, on observe nos pensées (nos croyances limitantes) dans le but de prendre du recul face à celles-ci. Ainsi, nous pouvons éventuellement nous en détacher et être libres des fluctuations de l’esprit.
Il est facile de se laisser emporter par des émotions, des comportements, des pensées dualistes ces derniers temps.
Nous sommes « en confinement » depuis maintenant un peu plus de deux mois. Nous avons entendu depuis deux mois presque chaque jour, que nous avions une responsabilité « sociale », nous avions la responsabilité de sauver des vies en restant à la maison. Donc, en plus de devoir sauver des vies, on a dû avoir peur pour la nôtre et pour celle des personnes qui partagent nos vies.
Nous avons été bombardés de « lavez-vous les mains » au moins 20 secondes, laissez vos emplettes dehors pendant 3 heures, désinfectez vos poignées de portes, désinfectez vos voitures, changez vos vêtements en arrivant à la maison…. Toussez dans votre coude, ne sortez pas si vous présentez des symptômes….
Oufff juste à écrire ceci, je suis épuisée… tamas!
Que dire des jours ou je vais à l’épicerie, faire la file, attendre sur ma petite pastille pour respecter les deux mètres… en passant près des gens qui parfois veulent vous passer par-dessus ou d’autres qui tapent du pied derrière au bout des deux mètres parce que vous hésitez devant un produit dans la rangée des conserves. Pour finir, je dois emballer moi-même mon épicerie, celle de mes parents et parfois celle de ma grand-mère.
En partant faire les courses, je suis plein de bonne volonté, d’énergie (rajas) et lorsque je reviens je suis souvent épuisée, (tamas).
Face à mon travail, j’ai un peu la même attitude, certains jours je suis très motivée (rajas) en me disant que je vais réussir à m’adapter à ce changement en apprenant à utiliser les internet et à un jour faire des cours virtuels. Puis à d’autres moments, je me dis que tellement de matériel existe déjà que mes efforts n’apporteront pas les résultats escomptés (découragement, tamas)…
Le mental s’incarne difficilement dans l’instant présent.
Pour plusieurs personnes ces deux extrêmes peuvent se faire ressentir ces temps-ci et c’est normal. Encore une fois, cette agitation du mental est présente car le mental vagabonde entre le passé (une vie paisible, connue et confortable) et le futur (incertitude, doute). Le mental s’incarne difficilement dans l’instant présent.
Comment atteindre sattva, un juste équilibre entre un effort juste et un relâchement… ? D’abord, en prenant conscience de mon état, en accueillant cet état et toutes les sensations qui y sont reliées en m’observant, en ouvrant mes yeux, mes oreilles et mon coeur. Ensuite, en évitant de me juger et de me critiquer. Enfin, en revenant ici et maintenant (méditation, asana, pranayama) et en prenant conscience que rajas, tamas et sattva font partie de la prakritti (la nature, l’univers) et que cette nature est appelée à changer constamment. Encore une fois, même si parfois c’est difficile d’y croire, avec beaucoup de patience, j’arrive à voir que tout bouge et tout change constamment.
Namaste